Le Royaume-Uni bloque le projet de rachat d’Activision Blizzard par Microsoft

par Arielle Lovasoa

Le feuilleton relatif au rachat d’Activision Blizzard par Microsoft ne cesse de connaître des rebondissements. La CMA, l’autorité de régulation de la concurrence britannique, vient de confirmer l’avis préliminaire négatif qu’il a formulé le 8 février dernier.

Cette institution a conclu que ce projet enfreint les règles anti-trust du territoire. C’est un nouveau coup dur pour la firme de Redmond qui espérait un avis positif après avoir fourni les arguments nécessaires pour convaincre la CMA de sa bonne foi. L’entreprise ne va pas en rester là et compte faire appel de cette décision.

Une bataille juridique et politique

Le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft annoncé en janvier 2022, devait faire du géant d’Internet le troisième acteur mondial du secteur. Avec un coût d’une valeur de 69 milliards de dollars (soit un peu plus de 62 milliards d’euros), il s’agit de la transaction la plus importante de l’histoire du jeu vidéo et de la firme de Redmond. Vu son importance, ce rachat doit être autorisé par les différentes autorités pour la concurrence du monde entier. Une bataille juridique et politique est menée depuis plus d’un an.

 

Plusieurs pays, dont, l’Arabie Saoudite, le Brésil, le Chili, le Japon et les Émirats arabes unis ont déjà accordé leur feu vert. Toutefois, il est bon de noter que ceux-ci ne constituent pas un marché important du jeu vidéo.

D’un autre côté, la FTC (Federal Trade Commission), l’autorité de régulation américaine, a décidé de traîner l’affaire en justice. Cet organisme craint que le géant d’Internet en contrôlant la célèbre franchise Call of Duty ne lui confère un statut d’exclusivité sur son écosystème. Ce qui nuirait grandement à l’industrie, mais aussi aux consommateurs. Notons que celle-ci se vend en majorité sur les consoles PlayStation de Sony. Le procès entre Microsoft et la FTC s’ouvre le 2 août. Le verdict est attendu l’année prochaine.

A lire aussi :   Test : Anarchy Reigns

Réduction du choix et de la qualité des jeux

Dans son avis préliminaire négatif au rachat d’Activision Blizzard par Microsoft publié en février, la CMA expliquait qu’elle craignait une concentration excessive du marché ainsi qu’une réduction de la concurrence. En effet, comme plusieurs organismes, elle pense que Microsoft risque d’engloutir les plus grandes licences.

 

Deux motifs principaux ont été mis en avant par la CMA pour justifier cette nouvelle décision. D’après celle-ci le rachat réduirait le choix et la qualité des jeux disponibles sur les consoles de jeu, dont, entre autres, PlayStation qui est le principal concurrent de Microsoft. De plus, elle estime que cette acquisition donnerait à Microsoft un avantage déloyal dans le domaine du cloud gaming. En effet, celui-ci dispose déjà d’une super offre avec son Xbox Game Pass. À son catalogue déjà bien fourni, s’ajoutera celui d’Activision. Cela va vraisemblablement lui attirer davantage d’abonnés et par conséquent, exclure ou désavantager ses concurrents.

Le risque pour le duo est que les autres autorités de régulation de la concurrence qui n’ont pas encore rendu leur avis pourraient reprendre ces mêmes arguments. La décision de l’Union Européenne est attendue pour le 22 mai prochain. Une prise de position qui sera décisive quant à la tournure que prendra cette affaire. Si l’UE est favorable à ce rachat, les deux parties continueront vraisemblablement de se battre aux État-Unis et en Grande Bretagne. Dans le cas contraire, Microsoft pourrait renoncer au deal. Cependant, il devra régler des indemnités assez conséquentes à Activision.

 

Microsoft et Activision feront appel

Néanmoins, cette décision a quelque peu surpris l’éditeur de jeux et la firme de Redmond. En effet, en mars dernier, la CMA avait déjà rejeté un argument de taille lancé par Sony qui pouvait porter préjudice à ce contrat. De plus, Microsoft était persuadé que la proposition qu’elle avait présentée face aux différentes préoccupations de cet organisme britannique liées au secteur du cloud gaming aurait fait pencher la balance en leur faveur. L’autorité britannique précise que cette proposition n’était pas assez satisfaisante. Selon cette dernière, celle-ci comportait un certain nombre de lacunes importantes liées à la nature croissante et évolutive des services de jeux en nuage.

A lire aussi :   Compte rendu : Test Nintendo Wii Play Motion

Les deux parties n’ont pas caché leur déception face à cette décision. Le président de Microsoft, Brad Smith, a été le premier à réagir dans un tweet. Il a annoncé que son entreprise allait faire appel. Activision dans un communiqué de presse est resté solidaire de cette décision. Son porte-parole a indiqué que « nous travaillerons de façon agressive avec Microsoft pour retourner cette décision en appel ». Il a également souligné que « Le Royaume-Uni est manifestement fermé aux entreprises » et que « les conclusions du rapport ne rendent pas service aux citoyens britanniques ».

Les conséquences potentielles d’un tel rachat

Le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pourrait impacter fortement sur la vie des joueurs de jeux vidéo. Le risque que la firme de Redmond rende la licence Call of Duty exclusive à ses machines n’est pas à écarter. Celle-ci sera alors libre de fixer les prix. Elle pourra aussi décider de changer la fréquence de sortie des jeux, qui jusqu’ici était annuelle.

 

Néanmoins, le plus gros souci demeure au niveau du Game Pass. Le géant américain domine déjà le marché du jeu vidéo cloud et en streaming grâce à cette puissante plateforme. Avec, le rajout du catalogue d’Activision, il devrait faire face à une augmentation de la demande et cela entraînera forcément une hausse des prix.

Source photo : Depositphotos

Vous pourriez également aimer

À PROPOS...

Julsa.fr est une fenêtre sur l’univers du jeu vidéo et de la high-tech. Notre mission ? Découvrir et partager avec vous les pépites du web, les jeux incontournables et les innovations technologiques qui façonnent notre quotidien. Plongez dans une exploration enrichissante et demeurez à la pointe des tendances digitales. En savoir plus…

Julsa.fr – © 2010-2024 -Tous droits réservés