Quand les forces armées sont incapables de faire face à une situation, quand même l’Église protestante est dépassée, alors il ne reste plus qu’un dernier rempart à l’Angleterre : la fondation secrète Hellsing.
Hellsing : Le doux murmur de l’enfer est à vos portes
Dans un petit village de campagne, les gens ont commencé à disparaître, tant et si bien que la police a fini par y envoyer une escouade. Ceux-ci se firent dévorer un à un. Face à une situation aussi désespérée, la fondation Hellsing décida de leur envoyer leur arme secrète : Alucard. Survivant de l’opération : aucun. Seule trace indélébile de cette opération, la transformation de Victoria Célas en vampire. Mais cet incident cache en fait la préparation d’une offensive à bien plus grande échelle, qui vise directement le royaume d’Angleterre, l’église protestante, mais aussi plus spécifiquement la fondation Hellsing. Pris entre cet adversaire invisible et les fourbes attaque de la section XIII du Vatican, la fameuse section Iscariote ayant pour fer de lance Alexander Anderson, Integra Fairbrook Wingates Hellsing parviendra-t-elle à maintenir sa fondation à flot ? Heureusement elle peut compter sur l’aide de la femme-flic, de son major-d’homme et surtout, d’Alucard, le plus puissant des nosferatus.
Violent, perturbant, provoquant à l’extrême, Hellsing s’affirme une fois encore comme ayant une place définitive parmi les œuvres les plus marquantes du genre seinen. Le cadre est aussi précis qu’il se fiche des conventions, jouant justement avec les religions, les tabous et même les interdits. C’est dans cet univers sombre et froid qu’il jette des personnages au charisme intemporel et ayant grandement inspiré la pop-culture par la suite. Parmi eux, on se doit, bien sûr, de citer Alucard, vampire cynique au service de sa noble maîtresse humaine et dont les pouvoirs sont si grands qu’il se moque d’être débitée en cube de chaire sanglante pour peu que le combat lui donne ne serait-ce que l’occasion de dévoiler ses capacités. Un fait d’autant plus intéressant qu’il est loin d’être posté au hasard.
Hellsing est un manga écrit par Kohta Hirano entre 1998 et 2009 pour un total de 10 tomes publiés chez nous par Delcourt-Tonkam. Ici, nous parlons du premier tome de la Perfect Edition, sorti le 9 Avril 2025, par le même éditeur. Le second tome de cette édition est prévu pour le 2 Juillet 2025.
God Save the Queen, but also the Devil
Il faut le savoir, malgré son immense réputation, Hellsing n’est pas un manga particulièrement bien dessiné. Kohta Hirano est un auteur assez singulier, qui se moque pas mal des détails pourvu que l’ambiance et l’impacte soit présent dans ses scènes. Ainsi, il n’est pas rare de voir ses personnages avec des proportions pour le moins imaginatives, ou même des visages assez approximatifs. Il rit d’ailleurs lui-même de son incapacité à reproduire ses personnages à l’identique. Toutefois, si Hellsing fonctionne aussi bien, même 26 ans après sa sortie, c’est parce son auteur maîtrise particulièrement bien 4 aspects. Premièrement, c’est un as du charadesign dans le plus pur style 90’s. S’il s’inspire d’œuvres plus anciennes, comme Vampire Hunter D ou Tenshi no Tamago, il redynamise beaucoup le design des personnages pour rendre les plus marquants, plus proches et leur donner une aura qui reste inscrite particulièrement longtemps dans l’esprit du spectateur. Deuxièmement, il est particulièrement bon dans l’exercice des dégradés. Rappelons qu’en 1998, l’outil numérique est on ne peut plus minoritaire dans la production de manga. Ainsi, faire des dégradés longs et maîtrisés est loin d’être une chose aussi aisée qu’aujourd’hui. Il se plaît donc à les utiliser pour un côté “crépuscule” très efficace. A contrario, Kohta Hirano excelle particulièrement dans les contrastes. Une méthode simple, mais particulièrement efficace pour mettre en avant son charadesign si réussi. Enfin, l’ensemble est sublimé par une excellente mise en scène. On l’oublie trop souvent, mais celle-ci, une œuvre peut, malgré de très bons points, se retrouver fade et s’oublier aussi vite qu’elle est lue. Le tout est posé sur un découpage très classique, des trames de fonds assez simples et généralement réduites à des aplats ou à des dégradés et renforcé par un rythme entre frénésie du combat et froideur d’un monde très sombre.
Cette Perfect Edition est un rassemblement des 2 premiers tomes de la saga, auquel on peut rajouter un court édito sur le nom “Hellsing”, qui n’est d’ailleurs pas signé. Si on y retrouve un contenu très classique, le tout dans un grand format bien agréable et avec une qualité de papier qui l’est tout autant, l’édition sort des sentiers battus via autre chose. Sa couverture rigide au design sombre et contrasté en fait assurément un des tomes les plus marquants de ces derniers temps, pour notre plus grand plaisir !
Conclusion
Hellsing est-il pour vous ? Vous êtes passionné de seinen, des années 90 ou encore de vampire ? Alors plongez au fin fond de l’enfer de Hellsing ! D’autant qu’à 16€, cette nouvelle édition se retrouve avec un bon rapport qualité / prix, qui devrait voir terminer la saga en 5 tomes.
J’ai toujours beaucoup aimé Hellsing. Et il faut dire que je suis particulièrement ravi d’enfin pouvoir parcourir une telle saga dans une édition à la hauteur de son irrévérence ! Je n’ai qu’une hâte : relire la suite dans cette nouvelle édition !
