Alors que Pokémon vit un bouleversement sans précédent pour ce qui est de son jeu de cartes à collectionner, qu’il soit IRL ou digital, la Pokémon Company semble s’évertuer à proposer des adaptations vidéoludiques bien en deçà des attentes des joueurs.
Pokémon : Et s’il y a avait un open world dans la pomme ?
En effet, depuis le milieu de vie de la 3DS, le temps nécessaire à la fin des jeux de la saga Pokémon s’est très largement raccourci au profit d’une écriture souvent plus pataude et d’une difficulté anecdotique.
Avec l’arrivée de la Switch et des épisodes Épée et Bouclier, la Pokémon Company nous a prouvé qu’elle pouvait même faire pire que réduire l’écriture, en proposant une histoire à la hauteur de sa rigueur graphique. Le ver et le mauvais goût étaient dans la pomme dorée !
Si la firme sauve son image sur les différents remakes des jeux qui ont fait son succès, elle ne cesse de s’enfoncer tant ses derniers opus sont en retard techniquement. Persuadés que les joueurs attendent encore et toujours un open world qui leur imposera par sa taille de nombreuses heures de jeux, les projets s’Ubisoftisent…
Pokémon Legend Arceus se révèle en 9 mois. Si l’histoire parvient à s’en tirer plutôt bien sur la fin, les limitations du moteur font autant sourire que pitié. Un jeu sorti trop tôt, mais qui parvient, bien malgré lui, à trouver l’ambiance qui justifie son vide reposant. Si le nouveau gameplay de capture s’avère plutôt intéressant, le gameplay de combat n’a que rarement été aussi raté, malgré quelques idées intéressantes.
Pokémon Écarlate et Violet signe l’avènement du pire et du meilleur de la nouvelle génération. Les cinématiques sont dignes d’un jeu PS1 et les bugs sont si nombreux qu’on croirait que la saga cherche à renouveler l’exploit de Digimon 20 ans plus tôt. Si le message distribué est plutôt intéressant et la fin très réussie, l’exécution est mauvaise, allant jusqu’à rendre l’écriture désagréable. On a retrouvé le temps de jeu moyen de 40h, mais à quel prix ?

Et Légendes Pokémon : Z-A ? On vous raconte tout…
Attention, SPOIL potentiel !
Vous voyagez en direction d’Illumis, la capitale de la région de Kalos (Pokémon X et Y). Alors que vous sortez à peine de la gare, vous êtes interpellé pour faire de la pub à l’Hôtel Z-A. Mais tandis que votre attention est portée sur le message de la PDG de la société qui dirige la ville, vous vous faites chaparder votre sac par un Pokémon. Par chance, votre accompagnatrice, ou accompagnateur, vous aidera à le suivre et vous donnera même un pokémon pour affronter Henriette et André, les propriétaires du voleur. C’est ainsi que vous ferez l’acquisition de Germignon, Kaiminus ou Gruikui.
Mais vous n’avez pas vu le temps passer et la nuit tombe. Cela ne serait pas un problème si vous ne vous retrouviez pas au milieu d’une zone de combat. Vous tentez de vous exfiltrer, mais vous vous faites violemment attaquer par une serveuse, pour qui la notion de consentement semble être de la science-fiction. Après l’avoir vaincu, vous vous retrouverez à l’hôtel Z-A, où vous ferez connaissance de A-Z, le propriétaire aux dimensions digne d’un personnage de Hellsing, et de Rudi, demoiselle passionnée par la danse. On vous invitera alors, très très très fortement, à entrer dans la Team MZ afin de sauver Illumis.
Votre accompagnatrice, ou accompagnateur, vous fera alors participer à chacune des activités de sa journée, qui étrangement vous concerne…
C’est ainsi que vous ferez la connaissance de Myosotis, la directrice adjointe du labo pokémon qui se fera un plaisir de vous offrir des récompenses et de vous harceler de notification.
Vous croiserez également Inno, le designer de la Team aux goûts visiblement assez douteux.

On vous invitera ensuite à attraper des pokémons dans une zone sauvage, sorte de park où les pokémons sauvages sont libres d’attaquer les passants. Grâce à cette équipe nouvellement créée, vous allez pouvoir participer au Royal Z-A, la compétition qui secoue toute la ville et qui permet à qui obtient le rang A de voir exaucer un de ses souhaits. Par ailleurs, on vous fait comprendre que vous devez y participer pour sauver la ville.
C’est ainsi que vous passerez au rang Y et ferez la connaissance de Millie, une sorte de détective privée qui vous incite à … faire son travail !
Quoi qu’il en soit, après moultes combats, quêtes secondaires plus ou moins intéressantes, capture de pokémon et autre, vous finissez par gravir les échelons. On vous explique alors que certains pokémons se mettent à méga-évoluer sans raison…
Mon avis sur cette introduction
Ce jeu reprend la suite de Pokémon X et Y, l’un des opus possédant l’un des meilleurs scénario de toute la saga. Celui-ci s’inspire donc de la ville de Paris, pour le meilleur et pour le pire…
Si le cadre en lui-même n’apporte pas grand intérêt, c’est surtout sur la façon qu’à votre accompagnateur de vous traiter que votre attention se portera vite. Les dialogues sont construits de façon à vous forcer à suivre cette équipe. Si les précédents jeux vous donnaient l’illusion d’un choix personnel, celui-ci ne s’en préoccupe pas. Pas plus que de vous expliquer pourquoi vous devez sauver la ville, ce que vous êtes venu faire ici ou même de quoi vous devez la sauver. On assiste ainsi à des scènes lunaires où la toxicité des personnages est de mise, derrière un large sourire.

Sitôt l’introduction fermée passée, les trames secondaires s’éparpillent dans le chaos le plus total. Que les personnages soient définis ou non ne semblent pas avoir grande importance, tout comme la résolution des quêtes.
La trame principale est liée uniquement, tout du moins dans cette introduction, à votre rang. En dehors des parties les plus scénarisés, vous vous retrouvez à courir partout pour récupérer les milliers de collectibles que vous n’utiliserez jamais. Bref, nous sommes une nouvelle fois dans un open world, sans toutefois la cadre originale de Legend Arceus…
C’est mieux si c’est pire
Et graphiquement me direz-vous ? Le moteur progresse, et heureusement, vers quelque chose de plus stable, qui évite les passages des personnages ou pokémons en 3 fps. Les lags sont moins nombreux et l’ensemble se veut plus fluide. Que du bon ?
La contrepartie, c’est de se retrouver dans un environnement qui est également bien moins fourni que dans l’opus précédent. Les pnj disparaissent toujours à une distance ridicule, mais c’est surtout plus graduel. Le plus marquant étant essentiellement les bâtiments : de simples cubes sur lesquels une texture tout droit sortie d’un mauvais jeu PS2 aurait été accolée, sans plus de détails ou même tout simplement de portes.

Le gameplay est également impacté. Il n’est plus question de saut, même petit, mais tout simplement d’une roulade exploitée pour le platforming, façon Dark Soul’s. Si Legend Arceus vous laissait une grande liberté dans la façon d’attraper des pokémons, vous pouvez ici l’oublier. La distance de lancer est ridicule et les possibilités très réduites. Pire, je vous conseille même de verrouiller vos trajectoires.
Là où le changement est le plus notable, c’est dans les combats entre Pokémon. En effet, ceux-ci passent d’un tour par tour stratégique, dont la gestion des statistiques était ravagée sur les deux derniers opus, à un mode “action” où vous lancez vos attaques dès que celles-ci sont rechargées. La difficulté, vous devez sélectionner le pokémon adverse sans arrêt, sans quoi vous ne pouvez pas combattre. Ça en devient assez vite chaotique, aussi bien en combat classique que contre des pokémons sauvages.
Ce que Pokémon a appris
Si la Pokémon Company a retenu bien des mauvais aspects de ses derniers jeux, elle a aussi retenu une chose : une bonne bande son, ça fait vite toute la différence. Si on retrouve la plupart des SFX de Legend Arceus, on y retrouve aussi une partie de l’ambiance, jouée entre Jazz et Jazz Fusion, ce qui crée une ambiance des plus agréable. Dommage que les autres interprétations de genres soient un enfer pour les oreilles ou que les thèmes reviennent si souvent.

Côté pratique, on peut aussi noter quelques améliorations. Les personnages qui veulent nous offrir des objets voient leur bulle de dialogue se colorer. On retrouve également la gestion des boîtes directement depuis le menu, tout comme celle des capacités gérables à notre bon vouloir, ou même des évolutions.
Le jeu ne se prive pas pour mettre en avant la collectionnite des joueurs, allant jusqu’à faire la promotion du farming de chromatiques, ou shiny, ces fameux pokémons d’une autre couleur. La course au temps de jeu est lancée…
Légendes Pokémon : Z-A … Ça vaut le coup ?
Comme toujours, tout est une question de prix. Légendes Pokémon : Z-A n’est, certes, pas aussi mauvais qu’on le dit. Toutefois, il fait bien la démonstration qu’une fois encore, les jeux ne sont plus que des produits d’appels pour vendre des cartes. Ainsi, plus de soin devient futile quand on peut juste rajouter du contenu artificiel pour garder le joueurs quelques heures de plus. Vendu en physique à une 40ène d’euro, le prix reste assez juste pour un état d’esprit aussi peu en faveur des fans. Toutefois, les versions dématérialisées du nintendo store, actuellement à 60€, sont clairement à éviter. Avis aux fans de la saga, les autres, je vous conseillerais de passer votre chemin.
