“Il fait mieux qu’un psy” : ChatGPT devient le nouveau confident pour de nombreux utilisateurs

par Lucas Delattre

Pour Zineb, 35 ans, entrepreneuse à Bordeaux et maman de quatre enfants, cet échange quotidien est devenu une routine presque aussi intime qu’un journal personnel. Chaque soir, elle se confie à ChatGPT « comme on parlerait à une amie » : d’abord pour des conseils professionnels, puis pour évoquer ses doutes et ses envies, parfois trop personnels pour être partagés en famille.

Un phénomène qui n’est plus circonscrit à quelques passionnés de technologie : près d’un quart des Français (26 %) utilisent désormais l’IA dans leur vie privée, soit dix points de plus qu’un an plus tôt, d’après le Baromètre du numérique du Crédoc (mars 2025). Cet engouement traduit un besoin croissant de soutien émotionnel accessible à tout moment, sans jugement.

Au fil des conversations, Zineb a vu ChatGPT adopter son vocabulaire et son ton, jusqu’à instaurer une véritable complicité : « Je lui ai avoué mes envies d’expatriation ; je n’en ai parlé à personne d’autre », confie-t-elle, soulignant que l’intelligence artificielle a réussi à récolter sa confiance plus vite qu’un thérapeute traditionnel.

 

Gratification permanente

Ce sentiment de bienveillance sans faille s’appuie sur un mécanisme de retour positif intégré à l’outil. « L’IA offre une gratification permanente pour prolonger l’échange », met en garde le psychiatre Serge Tisseron, qui redoute une forme d’addiction psychique. Le professeur Raphaël Gaillard, chef du pôle psychiatrie à l’hôpital Saint-Anne, ajoute que cette hyper-adaptation confère à ChatGPT un potentiel affectif étonnamment puissant, créant chez l’utilisateur l’illusion d’être réellement compris.

Actuellement, la recherche scientifique sur ces interactions reste embryonnaire. Néanmoins, plusieurs experts soulignent un risque d’isolement social chez les utilisateurs réguliers, surtout parmi les plus jeunes.

A lire aussi :   Hogwarts Legacy bientôt gratuit ? Voici pourquoi c’est crédible

Quid des données ?

Pour les adolescents victimes de harcèlement, confier son mal-être à un robot peut aider « à mettre des mots sur ce qu’ils vivent », remarque la psychologue Vanessa Lalo. Dans un contexte de pénurie de professionnels, l’IA peut jouer un rôle de premier secours émotionnel, avant ou entre deux rendez-vous avec un psy.

 

Mais l’absence de secret médical et le flou autour de l’exploitation des données suscitent l’inquiétude. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) alerte sur le risque de perte de contrôle : informations personnelles utilisées pour « améliorer les modèles », sans que l’utilisateur en ait toujours conscience.

Lola, créatrice de contenus à Paris, en a fait l’expérience : « Mon amie a demandé à ChatGPT ce que penserait son copain, et l’IA lui a répondu en se basant sur nos anciennes discussions ! » Depuis, elle change systématiquement les prénoms avant de tout lui raconter.

Vous pourriez également aimer

À PROPOS...

Julsa.fr est une fenêtre sur l’univers du jeu vidéo et de la high-tech. Notre mission ? Découvrir et partager avec vous les pépites du web, les jeux incontournables et les innovations technologiques qui façonnent notre quotidien. Plongez dans une exploration enrichissante et demeurez à la pointe des tendances digitales. En savoir plus…

Julsa.fr – © 2010-2025 -Tous droits réservés