En plein Paris du XIXème siècle, Christine Daaé est une jeune choriste prometteuse. Belle et charismatique, elle emporte la sympathie du public comme de ses collègues. Fille d’un regretté violoniste, c’est une jeune femme curieuse et pétillante, qui ne manque ni de courage, ni de ténacité.
Le Fantôme de l’Opéra – Mon très cher F. : l’ombre et la lumière
Alors que Christine fait la promotion du prochaine opéra auprès des passants, elle se fait voler ses effets personnels par un gamin des rues. Heureusement, celui-ci est arrêté par un homme mystérieux, accompagné de toute une flopée de pigeons. Piégé, le gamin décide de lancer son butin dans la rivière. Son contenu étant précieux pour elle, Christine saute pour l’attraper au vol, immédiatement imitée par l’homme afin de les repêcher, elle et ses affaires. Elle pense faire de son mieux pour l’en remercier, mais s’il ne manque pas de charme, il refuse toutefois de lui donner son nom…
De retour à l’Opéra, elle tombe dans une ambiance des plus électriques. Carlotta, la diva de l’opéra, gourmande généreusement l’une des filles du cœur, non sans la rabaisser au vu de leur différence de rang. Christine s’interpose, et le soutien de ses collègues et amies énerve particulièrement Carlotta, qui décide de lui donner une leçon. Plutôt que de se perdre en explication, elle décide de parier sur le triomphe de Christine dans l’opéra du lendemain en tant que diva. Christine est paniquée, mais ses amies semblent persuadées qu’elle fera parfaitement l’affaire, ce qui est loin d’être son avis. Elle doit s’entraîner autant que possible afin de limiter la casse. Afin qu’elle puisse travailler en paix, le réceptionniste lui donne la clé d’une salle de répétition peu utilisée. Épuisée et toujours aussi paniquée, Christine s’y rend pour s’isoler et pleurer. Mais si les histoires de fantômes s’étaient toujours répandues entre les danseuses et chanteuses, elles ne pensaient pas qu’il y aurait autant de vérités dans ces histoires…
Une histoire romantique à la frontière du rêve, sous tous les plans. Christine est une héroïne intéressante, volontaire, mais loin d’être invincible. Si elle a confiance en ses capacités de choriste, elle sait aussi le gouffre qui la sépare d’une véritable diva. C’est cette conscience qui lui inflige cette panique et cette peur face à la réaction de Carlotta, mais aussi qui va donner toute sa saveur à la relation qu’elle va créer avec ce fameux fantôme. Celui-ci, par ailleurs très en retrait, se dévoile petit à petit. Mais ses secrets semblent grandir du même pied que leur relation… Le tout est servi dans un cadre à la fois original et agréable, qui se rapproche grandement des racines gothiques de ce titre.
Le Fantôme de l’Opéra – Mon très cher F. est un manga écrit par Nanao Mio depuis 2021. S’il y a actuellement 6 tomes au Japon, le premier est sorti chez nous le 6 Novembre 2024 chez Soleil Manga. Le tome suivant est prévu pour le 5 Février 2025. Il s’agit de la première œuvre de l’auteure commercialisée en France. Il s’agit d’ailleurs d’une des nombreuses adaptations en manga du roman Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux.
Gothique enluminé d’étoiles
Côté dessin, on sent que Nanao Mio n’en est pas à ses premières esquisses. Le charadesign est extrêmement fin, précis et tout en retenu. Les petits détails sont nombreux et très appréciables, à l’instar du genre qui lègue sans conteste sa paternité au style de cette auteure : le gothique. En effet, on retrouve d’ailleurs ces détails dans les trames de fonds particulièrement travaillées, notamment pour ce qui est des bâtiments parisiens. Toutefois, le genre ne s’applique pas jusqu’à en reproduire les contrastes, ici bien plus doux et dégradés. Un effet d’ailleurs donné grâce à une maîtrise des trames remarquablement magistrale. La réalisation est franche, mature et bien pensée, mettant particulièrement en avant la relation si singulière entre nos personnages. Le rythme est assez rapide sur le début, mais prend le temps de savourer sur les chapitres suivants, une fois la situation installée.
L’édition de Soleil est de bonne facture, tant en qualité de papier qu’en couverture. Le reste n’en est toutefois que plus classique.
Conclusion
Le Fantôme de l’Opéra – Mon très cher F. est-il pour vous ? Si vous êtes nostalgique de cette époque où le gothique était à la mode, que vous dévorez les shojos de bonne facture au design complexe et que les romances classiques vous passionnent, alors vous n’avez plus aucune hésitation à avoir, ce manga est fait pour vous. Un intérêt pour l’Opéra ou les secteurs artistiques les plus classiques et traditionnels peut être un plus pour apprécier cette œuvre, même s’il est loin d’être nécessaire.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce premier tome. Le Fantôme de l’Opéra – Mon très cher F. a sut trouver ce que j’attendais d’une romance dans un tel contexte. Il est moderne, sur la retenu, plein de petites attentions et sait faire briller les multiples étoiles de son cadre incrusté dans un genre que j’aime particulièrement : le gothique. Je ne peux qu’attendre la suite !