Si vous nous demandez, une histoire véritablement bouleversante se démarque nettement des autres épisodes de la saison 7 de Black Mirror. Un récit qui pourrait bien détrôner San Junipero de sa place d’épisode favori des fans.
Eulogy, le cinquième épisode de la série, met en vedette le toujours brillant Paul Giamatti dans le rôle de Phillip, un homme hanté par un amour perdu de sa jeunesse. L’épisode commence lorsqu’il reçoit un appel l’informant du décès d’une certaine Carol Royce. Il ne reconnaît pas ce nom, mais sa mémoire est ravivée par son nom de jeune fille : Hartman. « Oui, je connais ce nom, » dit-il, ébranlé – Carol Hartman est la femme qui lui a brisé le cœur. Ils avaient entretenu une relation dans leur vingtaine qui s’était mal terminée. Il est invité aux funérailles à Londres, mais avant cela, on lui demande de participer à un processus high-tech qui aide à rassembler les souvenirs des êtres chers, dans le but d’enrichir l’éloge funèbre.
La technologie « Eulogy »
Phillip est invité à fixer un petit disque semblable à un AirTag – appelé, de façon appropriée, ‘Eulogy’ – sur sa tempe, qui l’aidera à rassembler ses souvenirs flous de Carol en regardant d’anciennes photographies. Cette technologie avancée lui permet littéralement de plonger dans les scènes des photos, de les explorer et, avec un peu de chance, de se rappeler des détails oubliés. Il est accompagné d’un ‘Guide’ (Patsy Ferran), qui le suit à travers les photos.
Mais très tôt, nous découvrons que Phillip a détruit toutes les photographies montrant le visage de Carol. Il les avait découpées, griffonnées au stylo ou brûlées avec une cigarette. Elle lui avait brisé le cœur, et il affirme ne même plus se souvenir de son apparence. Au fil de l’histoire, nous observons le déroulement de leur relation de trois ans vouée à l’échec. Les problèmes ont vraiment commencé lorsque Carol a déménagé de l’Amérique à Londres pour jouer du violoncelle dans Le Fantôme de l’Opéra au West End. Mais quels autres fantômes et spectres existent dans cette histoire, et que révèle finalement la technologie à Philip ?
Les révélations douloureuses
Après quelques photos, le Guide amène finalement Phillip à admettre qu’il a eu une aventure d’un soir avec une collègue, Emma – et que Carol l’avait découvert lorsqu’Emma avait répondu au téléphone dans sa chambre. Rempli de regrets, Philip décide alors de se précipiter à Londres pour demander Carol en mariage dans un restaurant chic, s’inspirant d’un article qu’il avait découpé dans un magazine de vol.
Les spectateurs plongent dans le cadre du restaurant avec le Philip moderne et son Guide. Il raconte le moment humiliant où il a fait sa demande. Il avait acheté une bouteille de champagne, mais elle ne voulait pas boire – alors il l’a bue lui-même par nervosité. Quand il a posé la question, elle est restée silencieuse. Il a frappé la table dans un moment de panique. Elle est partie, le laissant seul sous le regard des serveurs et des clients.
La vérité éclate
Même maintenant, il est incapable de comprendre ce qui se passait réellement ce soir-là. Elle avait pris du poids et ne buvait pas. Elle était enceinte ! Pas de lui, mais d’un joueur de xylophone de l’orchestre, avec qui elle avait eu une aventure par vengeance après l’infidélité de Philip. Puis, la seconde révélation : le guide est en réalité la fille de Carol – ou un « avatar jetable » d’elle – nommée Kelly Royce, qui l’informe que s’il n’avait pas « sauté l’introduction » du programme Eulogy, il l’aurait su (rappelant l’avertissement technologique « vérifiez les conditions générales » de la saison 6 de Black Mirror).
Elle lui dit également que s’il n’avait pas vidé une bouteille de champagne, il aurait peut-être compris ce qui se passait réellement. Nous apprenons que Phillip est retourné dans sa chambre d’hôtel et l’a saccagée dans une rage alcoolisée. Il révèle également qu’il a passé les 15 années suivantes à boire pour supporter son rejet – ce qui explique pourquoi il a détruit chaque photo d’elle – et il semble qu’il ne s’en soit jamais vraiment remis.
La lettre révélatrice
Kelly lui dit que Carol était dévastée qu’il n’ait jamais répondu à sa lettre – mais Phillip affirme n’en avoir jamais reçu une. Cependant, il restait une photo non développée de ce voyage fatidique à Londres qu’il n’avait pas encore vue. Lorsqu’il la développe enfin, il découvre une chambre d’hôtel en désordre – mais qu’est-ce qui se trouve sur le sol ? Une lettre adressée à « Philly » ! Il essaie de la ramasser, mais ne peut pas, car ce n’est qu’une simulation. Il est désespéré de savoir ce qu’elle dit, mais la technologie ne fonctionne pas ainsi.
Cependant, cela le ramène dans le monde réel et à une autre boîte Converse de souvenirs empilés que « la femme de ménage avait mis dans un petit tas ». Là, tombant de son guide de Londres, se trouve la lettre. Elle dit :
« Philly, je dois te dire quelque chose. Je n’ai pas pu le dire plus tôt. J’ai figé. Je suis désolée. Ce jour où j’ai appelé et trouvé Emma, j’étais si en colère. J’ai eu une aventure d’un soir avec quelqu’un dans l’orchestre. Ça ne signifiait rien et je suis désolée. J’ai raté mes règles, je ne sais pas quoi faire. Je t’aime et je veux que ça marche entre nous, mais je ne sais pas comment tu vas réagir. Je pense que je veux garder le bébé – je ne sais pas. Mais pourrais-tu vivre avec ça ? Si tu veux encore parler, retrouve-moi demain après-midi à la porte des artistes, après la matinée. Je comprendrai si tu ne veux plus jamais me revoir. J’espère que ce n’est pas le cas. Je t’aime. Carol. »
La rédemption tardive
Phillip est dévasté. Cette communication manquée a précipité sa vie dans une terrible situation à la Sliding Doors où il a diabolisé l’amour de sa vie. Il aurait pu potentiellement remettre les choses sur les rails et avoir une relation longue et aimante avec elle. Et le coup final : Carol est morte, il n’aura donc jamais la chance de réparer cette erreur.
Il trouve cependant une cassette avec un enregistrement d’elle jouant du violoncelle. Ce souvenir ravivé lui permet de replonger dans la photo de son jeune lui-même la regardant jouer. Et enfin, pour la première fois, le visage de Carol nous est révélé.
Puis nous passons aux funérailles de Carol. Bien qu’il ait dit au début qu’il ne pourrait pas y aller, il a maintenant trouvé un niveau de catharsis qui lui permet d’entrer dans l’église. Les autres participants aux funérailles ont également les puces Eulogy sur leurs têtes – dans quelle photo sont-ils ? Plus loin dans l’église, Kelly joue du violoncelle que sa mère lui a appris à jouer.
De retour dans la photographie, le vieux Phillip continue de regarder Carol jouer. Les larmes lui montent aux yeux, mais il sourit, libéré du fardeau qui a pesé sur toute sa vie. Le message est clair : appréciez ce que vous avez et laissez tomber la colère. Cela, et faites développer vos photos.
